Le Coran, écouter autrement

 

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Ghalib Al-Hakkak - agrégé d'arabe, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Ecouter le Coran autrement

Il n’est pas rare qu’un étudiant s’inscrive aux cours d’arabe dans le but de pouvoir lire et comprendre le Coran. Ce n’est pas toujours énoncé clairement. Des enfants se voient parfois conduits à de pseudos cours d’arabe où l’on se contente en réalité de faire apprendre le Coran par cœur. Une fois adulte, l’ancien élève vit une inévitable frustration de ne presque rien comprendre à un texte qu’il connaît peut-être mieux de mémoire que les poèmes étudiés à l’école.

Pour un enseignant d’arabe soucieux de faire apprendre la langue et non d’initier à une spiritualité quelconque, la frustration est double. D’une part, il regrette de faire apprendre aux enfants un texte qu’ils ne sont pas invités à comprendre ; d’autre part, il est problématique d’entrer ainsi en matière dans l’apprentissage de l’arabe, car les habitudes « pédagogiques » installées avec cette approche perturbent immanquablement l’étude de la langue d’une manière rationnelle et efficace (1). Ceci dit, le texte coranique est tellement important et présent dans la culture arabo-musulmane qu’il faut bien l’aborder tôt ou tard, ne serait-ce que pour éviter de croire tout et n’importe quoi à son propos. Mais comment ?

Ce n’est qu’après avoir acquis les bases de la grammaire et un fonds lexical suffisant, disons trois mille mots vivants et utilitaires, qu’un retour aux textes sacrés pourrait avoir du sens. Et cela peut être réalisé par étapes : d’abord l’écoute puis la lecture.

Nous avons la chance de vivre à une époque où le son se déplace vers nous facilement. Il y a un siècle à peine, il aurait fallu se déplacer pour entendre. Et se déplacer à nouveau pour réentendre. Que l’on soit musulman, chrétien, juif ou bouddhiste, croyant ou non, l’écoute des enregistrements du Coran est recommandée pour améliorer son arabe. La diction parfaite des lecteurs reconnus, la lenteur de la lecture sont du pain béni, si l’on ose dire. Et si l’on observe le vocabulaire coranique, on découvre que non seulement de nombreux vocables isolés sont encore en activité dans l’arabe moderne, mais que la syntaxe est parfois tout à fait « moderne » (2). En somme, une écoute « laïque » du Coran est possible pour en apprendre la langue. Et si au passage on découvre que ce Livre n’est pas celui que certains décrivent comme source de haine et de violence, on ne peut que s’en féliciter.

Mais quels lecteurs et quels enregistrements recommander ?

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