L'arabe en ligne pour les francophones

 

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Ghalib Al-Hakkak - agrégé d'arabe

Divagations 4 : textes publiés sur facebook de décembre 2020 à mai 2021

Dans un ordre chronologique inversé

Une seule voix !

Quel est le poids d'une voix dans une élection ? Si vous votez pour le candidat qui caracole en tête des sondages, votre voix est noyée dans la masse. Mais si vous votez pour celui qui n'a aucune chance, non seulement, vous faites un heureux, mais votre voix prend forme dans les chiffres. Imaginez : un candidat qui ne récolte que 10 voix. Vous etes sûr de représenter 10 % de son électorat dans votre bled. Ce n'est pas rien. Méditez ce point si jamais vous êtes tentés par l'abstention. Il paraît qu'il y en a beaucoup dans ce cas.
Cela me rappelle une caricature égyptienne des années 80 qui montre un homme en train de se lamenter à l'issu du scrutin. On lui demande pourquoi. Il répond qu'il n'a eu qu'une voix. Ses interlocuteurs le consolent en disant que ce n'est pas grave. L'important est de participer. Il dit : OK, mais j'aimerais savoir pour qui a voté ma femme !

22 mai 2021

Presque !

Il arrive à tout le monde dans une discussion, surtout quand cela s'anime un peu, de se permettre une petite entorse à la vérité en gonflant un nombre, en ajoutant des mots comme "beaucoup", "très", "toujours", "jamais", etc. Les enfants le font d'ailleurs assez souvent. Et parfois on efface le doute qu'on a en affichant une assurance utile pour convaincre les autres. Alors, on oublie le conditionnel, les expressions de nuance comme "peut-être" ou "sans doute", etc. Bon. Vous savez déjà tout ça, pardon. Mais je voulais parler d'un détail que j'ai relevé lors d'un débat à la télé qui est "sans doute" passé inaperçu auprès de la grande majorité des téléspectateurs.

Un intervenant sur le conflit actuel là-bas exposait son point de vue et disait que Jérusalem était le "lieu le plus sacré pour les musulmans". Un voisin glisse "le troisième". Le premier le regarde sans rien dire et reprend trois secondes plus tard "le lieu le plus sacré de l'islam", et le voisin de redire "le troisième". Là le premier, se retourne vers son voisin avec un visage qui semblait dire "de quoi il parle ? qu'est-ce qui est troisième ?" Et évidemment, cela s'est noyé dans un brouhaha rassurant pour reprendre un débat normal, c'est à dire un débat dans lequel ce qui compte c'est l'intensité des échanges et non l'exactitude de ce qui se dit. Ne me demandez pas qui c'était ni sur quelle chaîne ni à quelle date. Mais croyez-moi, c'est vrai.
Cette anecdote me rappelle un livre édité par une grande maison d'édition parisienne et qui dit (de mémoire) que la Kaaba (le Mecque) avait été construite par Mahomet en 610. Là aussi, l'auteur est passé, ou plutôt a glissé, sans s'en rendre compte, d'une impression ou d'une supposition vers une certitude. Autant dire que l'auteur perd sa crédibilité auprès des connaisseurs.
Un autre exemple, un livre magnifique sur Bagdad dont la lecture est gâchée par quelques inexactitudes - des détails, mais quels détails - dont la plus gênante est un passage mentionnant un poème situé par l'auteur au 9ème ou 10ème siècles et qu'il attribue "au poète bagdadien qui s'appelait Alî ibn Abî Talib". C'est comme si l'on disait que le général anglais qui avait défait l'armée allemande de Rommel s'appelait William Shakspeare.
Et pour ne pas paraître chauvin, je dois citer un exemple dans l'autre sens. J'avais consulté il y a quelques années la page que Wikipédia arabe consacrait à la Révolution française (الثورة الفرنسية). Et j'avoue que cela m'a perturbé quand j'y ai lu que le roi de France guillotiné sur la place de la Concorde n'était autre que Louis-XIV. Là aussi, l'auteur du texte avait inconsciemment supposé que cet événement majeur, la Révolution, méritait le plus grand roi, sinon, ce serait fade.
Bon. J'arrete de dire du mal des gens et je reprends une activité normale : regarder la télé.

19 mai 2021

Détecteur d'inaudibilité !

J'ai fait plusieurs essais aujourd'hui sur des séquences de débat sur les chaînes d'info en continu (15, 16, 26 et 27). Ceux qui adorent le spectacle sans rien vraiment comprendre au débat seront bien servis avec la 16. Mais des périodes de "chauffe" se produisent aussi chez les autres. Alors, j'ai deux idées, l'une assez simple et l'autre un peu compliquée. Commençons par la plus simple. Je me suis demandé ce qu'arriverait si à l'insu de la chaîne et de l'animateur, les invités se mettaient d'accord avant le début - bien discrètement - à ne pas se couper la parole et à s'arrêter de parler dès que l'animateur dit un mot. Deux réactions seraient alors à surveiller et analyser : celle de l'animateur puis celle de l'audimat.
La deuxième idée est plus complexe et je risque de ne pas pouvoir bien la formuler. Elle est cependant liée à la première et il faut essayer de la présenter. Si l'audimat augmente pendant ce débat test où personne ne coupe la parole à quiconque, une start-up pourrait faire fortune en travaillant sur un algorithme spécifique liant les quatre chaînes concernées. Son exploitation permettrait à chacune des quatre chaînes de voir en direct si ça chauffe chez les concurrents. Dans ce cas, il faut en profiter pour proposer aux spectateurs allergiques au brouhaha - une majorité en France, je pense - de zapper vers des eaux plus calmes. Là il faut essayer de l'emporter sur les autres. Cela peut être un tableau de bord avec quatre voyant qui vacillent entre vert et rouge avec une intensité graduée. Parce que si les quatre proposent en même temps un débat inintelligible, le brave citoyen téléphile risque de finir sur la 21 pour regarder des types qui tirent un camion ou qui lancent en l'air un poids impressionnant pour le faire passer de l'autre côté d'un cable placé à 3 mètres au-dessus de leur tête. Personnellement, quand je vois ça, je zappe tout de suite. Cela m'angoisserait d'assister à la chute du poids sur la tête du gaillard. Mais pas question de revenir pour subir un débat houleux. Alors - ça m'arrive parfois - j'éteins.

13 mai 2021

Corrompre avec des timbres !

Comme on ne réussira jamais à convaincre certains que l'immigration n'est pas la source de tous les maux, ni d'autres qu'antisionisme n'est pas synonyme d'antisémitisme, parlons... timbres-poste. Je suis sûr que vous ne le savez pas, prêt meme à parier. Voilà : dans le règlement de cette vénérable maison qu'est la Poste, il est interdit - je dis bien interdit - de suraffranchir un envoi, c'est à dire de dépasser le prix indiqué. Si votre envoi exige, mettons, 5.15 euros et que vous mettiez 5.18 euros, STOP ! Interdit ! Et vous ne devinerez jamais pourquoi. Ce n'est pas pour éviter au pays de couler sous les coups de gaspillage, ni pour éviter aux camions de la Poste de déraper à cause d'un poids supplémentaire. C'est parce qu'à l'époque des timbres - comment on appelle ça ? - déjà encollés (?) il est facile d'en décoller un et d'en mettre un autre à la place. Je vois que vous n'avez pas compris. Normal : c'est trop subtile. Car si cette manœuvre est possible, le surplus peut-être récupéré par un agent de la Poste, et là il s'agira de la part d'un usager qui fait exprès de dépasser le prix d'une tentative de corruption, autrement dit de proposer un pot-de-vin. C'est comme un bakchich. Comme ça les agents de la Poste se dépêchent de servir l'étourdi qui met trop de timbres pour grapiller quelques sous. Et si l'étourdi en question a compris la finesse de ce règlement, il persévère pour être mieux servi. Voyez-vous, parfois je me demande si on n'a pas intérêt à élire comme président un incorruptible et sur ce terrain personne ne peut battre un facteur !

11 mai 2021

Rien ne vaut notre langue !

Sale époque ! Tout est tensions, polémiques, disputes. Même à propos des langues. J'ai assisté hier à une discussion surréaliste entre deux amis, un francophone et un autre arabophone. Chacun voulait prouver que "sa" langue avait plus de respect pour les femmes, moins misogyne en somme. C'est l'Arabe qui ouvre les hostilités en disant que le français méprise les femmes en les privant de noms de métier bien féminins. En face, le Français lui répond que cela était en train de changer et que cette "attaque" était perfide et pas acceptable. "Ah bon", lui répond l'autre, en citant quelques mots au genre incertain : ministre, philosophe, camarade, spécialiste, économiste, sociologue, juge, et en ajoute d'autres qui n'ont toujours pas de féminin en français : penseur, chauffeur. Et il ajoute qu'en arabe, il n'y a aucun problème : on ajoute une tâ' marbûta et le tour est joué : وزيرة / فيلسوفة / رفيقة / اختصاصية / اقتصادية / عالمة اجتماع / قاضية / مفكرة / سائقة . Jusque-là, j'avais envie qu'un événement extérieur vienne mettre un terme à ce débat stérile, quand soudain, cela devient intéressant. Le Français, bien renseigné, dit : "ah non, مفكرة ce n'est pas le féminin de مفكر (penseur) ; cela veut dire "agenda" ! Et il ne se prive pas de l'occasion pour dire que cela veut dire que la langue arabe considère que la Femme est incapable de "penser". Rien que ça. Vous imaginez l'émoi dans le camp d'en face. Comment ! "Tu sais comment on dit communauté en arabe ? on dit أمة . On se réfère à la mère tandis que les Français parlent de "Pères de la nation". Et là, une chose étrange se produit : le Français sort de sa poche une petite fiche. C'était clair qu'il avait tout prévu. Il dit : "dis-moi alors pourquoi vous mettez une tâ' marbûta à des mots aussi prestigieux que خليفة / علامة / نابغة (calife, érudit, génie) entre autres si ce n'est pas pour exclure les femmes de ces fonctions ou rangs ? Et sans pitié il ajoute : "et en plus vous imposez le masculin à des adjectifs dévalorisants réservés aux femmes, comme قاصر / عاقر / طالق / بغي (mineure, stérile, répudiée, prostituée)" Là, j'ai dû intervenir pour adoucir l'atmosphère en proposant un café et des loukoums en rappelant que le mot "café" vient de l'arabe قهوة et que "loukoum" vient de لقمة . Et j'ai omis exprès de dire que je préparais un café à l'italienne et que les loukoums venaient de Turquie. Inutile de vous dire que ces deux-là, je ne les inviterai plus à eux seuls. A côté, les débats à la télé me semblaient d'un coup bien plus cool. Au moins on y voit des gens s'engueler sans avoir l'obligation de comprendre ce qu'ils racontent. Alors que là, ce sont des amis. Et moi je tiens à entretenir l'amitié franco-arabe.

9 mai 2021

Fidwa !

Il n'y a rien de mieux pour connaître le profond caractère d'une personne que d'observer sa réaction spontanée quand un objet tombe par terre et se brise en morceaux. Il y en a qui disent "pas grave", "ce n'est rien" ou quelque chose de ce genre. On a envie de les revoir. D'autres ne peuvent pas retenir un "mince", "zut", peut-être un peu appuyé. Là on est mal à l'aise. Et quand c'est "ah non !", "oh la la !", on regrette d'être présent. Evidemment, il y en a qui laissent échapper un m*** qui montre qu'ils ne tiennent aucun compte de ce que peut ressentir "le coupable". Naturellement, l'éventail d'expressions dans un tel contexte est très large. Parfois, on sert quelque chose de personnalisé, du genre "quelle nouille !", mais ne cherchons pas davantage dans cette voie. De toute façon politesse et franchise ne font pas bon ménage dans ce genre de situation.
Mais pourquoi je raconte tout ça ? Ah, c'est pour vous faire savoir à quel point les Irakiens, du moins les Bagdadiens, sont économes dans ce domaine. Un seul mot surgit avec un automatisme implacable : فدوة (fidwa). Inutile d'aller chercher dans le dictionnaire ce que cela veut dire. On y trouverait peut-être "rançon". Mais quel rapport ? Longtemps, je me suis demandé comment traduire ce mot. Impossible avec un seul vocable français. Alors, une petite explication s'impose. L'idée derrière ce mot est que le mal qui vient de se produire a évité un autre plus grand, comme si le destin, qui est, comme on le sait, aveugle, a raté sa cible. Donc, le verre, la tasse, la bouteille, etc., qui tombe aurait évité à celui qui l'a laissé tomber de se blesser par exemple ou de trébucher ou de faire une crise cardiaque, etc. Eh bien, ce mot, qui cache mal parfois l'agacement du locuteur, est malgré tout réconfortant dans un moment où ne ne sait pas où se cacher.
Alors, j'ai envie d'écrire à l'Académie française pour adopter ce mot comme marque d'amitié entre mes deux langues : arabe et français. Mais comme ils ne liront même pas la deuxième phrase de ma lettre, je compte sur vous pour populariser ce mot. Pour une fois que tous les sons dans un mot arabe sont faciles d'accès aux francophones ! Il ne faut pas rater ça !

3 mai 2021

La Poste... de rêve !

Je crains que ce message ne puisse être compris que des gens qui habitent à la campagne. Alors, si vous êtes citadins, un peu susceptibles, n'allez pas plus loin. Mieux vaut pour notre amitié, même virtuelle, même si on ne se connaît absolument pas.

Eh bien, je voudrais partager quelques impressions avec les paysans, les villageois, les habitants des hameaux coupés des zones carbonée. Je ne sais pas vous, mais moi je trouve qu'on est vraiment privilégié côté services postaux. Aucun problème pour le facteur pour trouver le chemin vers la boîte aux lettres. Et si on est absent, il sait - puisqu'on se connaît, forcément - il sait où déposer le colis dont le volume dépasserait la capacité d'accueil de la boîte. Et quand on a un colis à envoyer, dans n'importe quel bled du monde, pas besoin d'aller au village ou en ville, au bureau, faire la queue, s'énerver, non, rien de tout ça. Le facteur s'en charge. Il ramasse le colis et vous rapporte le lendemain la feuille tamponnée du bordereau d'envoi. Magique ! Ah, on manque de timbres ? Pas de souci. Le facteur est là. Il suffit de lui dire de quoi vous avez besoin. Le lendemain, un paquet de timbres atterrit dans votre boîte. Et supposons que vous avez besoin d'envoyer un courrier un peu inhabituel en dimensions hors normes pour une lettre et que vous ne trouvez pas dans la brochure des tarifs - un chef-d'oeuvre français de complexité de 20 pages, sûrement conçu par des citadins - vous ne trouvez pas combien de timbres vous devez coller, car c'est pour la Suisse, pays voisin, pas loin, oui, mais pas membre de l'Union européenne. Ce n'est pas la même catégorie que la Belgique ou le Luxembourg. Pas de problème. Le facteur est là. Il prend le colis avec un billet de dix, vingt ou trente euros, et vous ramène le surplus le lendemain. Et si jamais ce n'est pas suffisant, il avance l'argent et vous le remboursez. Je vous dis que c'est magique. Alors, si j'étais économiste, je saurais peut-être - peut-être - calculer la valeur de cet avantage. Mais n'insistons pas, parce que bientôt le gouvernement, quel que soit son bord politique, finira par chercher des astuces pour rembourser la dette du Covid-19. Et a priori il n'y a pas mieux que les taxes et impôts. Alors, ne la chantons pas trop fort sur nos avantages à la campagne : air pur, calme, beauté des paysages, fruits et légumes frais, et surtout : des services postaux de rêve.

2 mai 2021

Quand ça s'arrête !

Vous connaissez l'histoire de cet homme qui tenait une règle en bois dans la main droite et qui frappait avec le dos de sa main gauche en criant "aïe ! aïe ! aïe !" ? Quelqu'un lui demande : mais pourquoi tu fais ça ? Il répond : eh bien, tu ne sais pas comme ça fait du bien quand ça s'arrête !

Ce syndrome, si cela a un nom, me fait penser que peut-être le retour à la vie normal, avec restaurants et cafés ouverts, va remonter le moral à une majorité de gens. La ville paraîtra plus agréable, plus belle (je ne parle pas de la campagne, c'est beau tout le temps, même en temps de crise). Et si grâce à cette remontée de moral on écoutait moins les discours anxiogènes, on sera enfin débarrassé de certains professionnels de l'aigritude qui passent tous les jours ou toutes les semaines à la télé.

Aie ! j'ai oublié le lait sur le feu !

30 avril 2021

Il fait beau... !

En apprenant le français, j'ai vite découvert, grâce aux différents professeurs et certains proches, le merveilleux Jacques Prévert. Si j'avoue ne pas pouvoir réciter par cœur un seul de ses poèmes, je retiens cependant une citation qui est devenue presque une devise pour moi : "Il fait beau, tâche d'en faire autant !" Je ne trouve pas plus vivant que cette formulation pour bouger d'une manière positive, créer, inventer, réaliser des rêves. Merci Jacques, où que tu sois, au Ciel ou dans la mémoire de tant de gens. Tu resteras toujours vivant.

27 avril 2021

A bon entendeur... !

Il y a une expression française que j'adore et je ne sais pas si elle a un équivalent en anglais ou en allemand, par exemple. C'est : "à bon entendeur salut !" En arabe, le quasi équivalent remonte aux premiers siècles de l'islam. On l'attribue à quelqu'un de peu connu, mais l'expression a été récupérée par un poète aveugle de Bassorah (Irak) qui l'a immortalisée. Le poète (Bachchar ibn al-Burd بشار بن البرد) était amoureux d'une femme à laquelle il ne pouvait pas dire ouvertement sa passion. Alors, il fait sa "déclaration" à une autre qui se moque totalement de ce que l'on lui dit, mais il glisse dans le poème إياك أعني واسمعي يا جارة . Cela peut se comprendre de deux manières : 1. C'est de toi que je parle, mais j'adresse les mots à une voisine" ; 2. "je m'adresse à toi, mais je veux que la voisine entende". J'y pense parce qu'un souvenir ancien m'est revenu ce soir en lisant un petit texte sur l'histoire de la France. Il y a 40 ans, je suivais un cours d'histoire à la Sorbonne. Un cours que j'adorais et qui portait sur la période pendant laquelle on déboisait à grande échelle pour développer l'agriculture. Le professeur s'appelait Jacques Dubois. A l'époque mon français était encore un chantier et j'appréciais sa façon de parler, lentement et clairement. Et un jour, alors que je prenais soigneusement note de tout ce qu'il disait, j'ai remarqué que quelque chose n'allait pas dans son discours. Il s'était mis à parler de l'amphi dans lequel avait lieu le cours. Il disait que ce bâtiment a été créé pour accueillir un public intéressé par les connaissances, historiques, littéraires, philosophiques, etc., et que le fait d'y prendre place avait un sens, dans les gradins ou sur l'estrade. Là évidemment, j'ai arrêté de prendre note. Puis il disait que si quelqu'un avait besoin d'accomplir une tâche ménagère ou faire un travail personnel qui n'avait rien à voir avec le cours, la logique aurait voulu qu'il soit ailleurs - pardon pour les mauvais accords du subjonctif -. Et après avoir ajouté "à bon entendeur salut", silence. Il ne disait plus rien, mais regardait dans une direction précise. Alors, naturellement, tout le monde s'est tourné ou retourné vers cet endroit : c'était une étudiante qui tricotait et surtout qui bavardait avec ses voisins. Hélas, ce professeur n'est très probablement plus de ce monde (c'était sa dernière année avant la retraite), sinon j'aurais aimé lui écrire pour lui dire que son cours était formidable et c'était l'un de ceux qui m'ont fait tant aimer l'histoire du Moyen-Age en France.

27 avril 2021

Pierre !

Avez-vous entendu l'histoire de ce gamin qui se demandait si "pierre" était un prénom ? Je ne sais plus où cela a démarré, mais cet épisode est devenu un sujet de réflexion dans certaines grosses têtes. On y voit la preuve qu'il y a une mutation démographique et culturelle qui menace la France. Personnellement, je n'ai pas envie de lire ou d'écouter ces analyses, mais j'ai juste envie de rapporter un souvenir personnel. J'avais une dizaine d'années quand un professeur nous a parlé de quelques personnages historiques dont un certain صخر (pierre). Et je me souviens parfaitement qu'on était plusieurs à s'étonner de l'attribution de ce mot comme prénom. Bien plus tard, j'ai compris et appris que le monde des prénoms est d'une grande richesse et une possible porte pour comprendre la société. Alors, je ne sais rien du contexte dans lequel ce gamin a formulé son étonnement à propos du prénom "Pierre", mais s'il est d'une famille arabe, sa réaction est logique, car habituellement les prénoms chez les Arabes ont un sens, normalement valorisant. D'un autre côté, ce gamin a peut-être pris l'habitude de ne voir aucun sens aux prénoms français. Mais "Pierre", ça parle. D'où un possible étonnement.

24 avril 2021

Ramadan et Shabbat !

Ce que je vais écrire ici est sérieux. Ni ironie ni autodérision.
Je viens de lire sur le site du Figaro un article dont le titre dit presque tout : "Un professeur fait polémique en décalant un examen en raison du Ramadan". Le professeur en question a décalé une épreuve en distanciel de 20h à 22h30 à la demande de certains étudiants musulmans observant le Ramadan. Apparemment, ce professeur va faire l'objet d'une sanction de la part de son administration. Alors voilà, j'ai personnellement connu une situation semblable il y a une vingtaine d'années. J'avais programmé un examen semestriel un samedi matin. Des étudiants sont venus me demander avec courtoisie une solution alternative car ils observaient le Shabbat et ils ne devaient pour cela pas utiliser un stylo. J'ai eu alors une discussion en aparté avec quelques uns d'entre eux pour voir si une dérogation quelconque pouvait leur être accordée par le rabbin, un peu sur le modèle du jeûne suspendu chez les musulmans en cas de maladie ou de voyage. Ne voyant pas d'ouverture possible en ce sens, j'avais prévu une session B lundi matin. Par la suite, cette session B s'est installée durablement (quelques années) et a été proposée à tous ceux qui avaient un cas de force majeure à faire valoir pour ne pas passer l'examen samedi. Il faut dire que les langues avaient toujours leurs examens terminaux samedi. Jusqu'au jour où cela s'est interrompu après des protestations motivées par la nécessité de respecter la laïcité.
Les protestations ne venaient pas du même bord politique qu'aujourd'hui. Mais le problème est semblable et la question que je me pose c'est : y a-t-il aujourd'hui des problèmes avec les examens programmés un samedi ? Je parle évidemment de l'enseignement public.

16 avril 2021

Sanctions !

J'avoue ne pas très bien comprendre à quoi servent ces sanctions annoncées par certains pays contre d'autres. Comment ça marche ? C'est un peu à la mode depuis quelques années. Trump adorait en dégainer quelques unes presque chaque semaine. Alors, pour comprendre, j'ai imaginé que j'annonçais au village mes sanctions contre le bûcheron, sur le modèle américain, c'est-à-dire que je punissais tous ceux qui continuaient à acheter le bois chez lui. Evidemment, on me prendrait pour un fou. Mais si j'étais le médecin du village et que je refusais de soigner ceux qui n'appliquaient pas mes consignes, cela peut marcher. Sauf qu'en France cela va coincer avec la Justice et la Police. Mais avec les Etats, unis ou pas, il n'y a pas de justice et de police au-dessus. L'ONU ? On sait même pas comment écrire le nom de son secrétaire général et personne ne l'écoute. Donc, pour résumer c'est ce qu'on appelle "la loi du plus fort". L'ennui est que cette "loi", si elle n'est pas encadrée, va faire croire à tout le monde qu'il n'y a qu'une issue : devenir plus fort. Et la question qui rôde c'est "qui sera le plus fort en 2100 ?" Ce n'est pas loin, 2100 !

15 avril 2021

Ciel !

Méchante mais irrésistible, cette blague : une femme souffre d'insomnie ; elle regarde son mari, allongé à ses côtés et profondément endormi ; soudain, elle crie très fort "ciel ! mon mari !", et là son mari se réveille paniqué et saute par la fenêtre !
PS : cette histoire semble exiger quelques explications. Le narrateur ne nous dit pas pourquoi la femme a crié ainsi d'un seul coup. Etait-elle surprise de voir son mari à côté alors qu'elle croyait être seule ? Etait-ce un geste de nervosité causé par l'insomnie ? Répétait-elle un rôle de théâtre ? Etait-elle sadique voulant réveiller le lourdeau qui ronflait à côté d'elle ? Ou savait-elle ce qu'elle faisait étant donné que l'appartement du couple se trouvait à un étage supérieur d'une haute tour ? Le narrateur ne nous dit pas non plus de quoi rêvait le mari et s'il avait déjà entendu cette phrase quelque part.
Bon, la prochaine fois, j'installe le décor avant de raconter une blague !

12 avril 2021

Moins cher !

Pourquoi est-il si difficile de se mettre à la place d'autrui ? En réalité, c'est impossible de comprendre totalement la vie d'une autre personne, mais on peut parfois deviner avec plus ou moins de réussite ce dont elle a besoin ou ce qu'elle attend. Un exemple très parlant vient d'être porté à ma connaissance. Et je ne peut m'empêcher d'en parler ici.
Dans une émission à la télé, un homme exprimait ses profonds regrets d'avoir retardé l'installation chez son père âgé de 93 ans de mécanisme électrique aux volets roulants dont la manivelle devenait de plus en plus difficile à actionner par le vieil homme. Et pourquoi cela ? Parce que le devis fait par l'entreprise de la commune lui semblait trop cher. Il a donc conseillé avec insistance à son vieux père de demander d'autres devis. Un an passe et rien ne change. Si. Hélas. Le vieil homme décède sans avoir connu l'avantage de volets qui s'ouvraient facilement. Tout cela, c'était pour économiser 500 euros. Cet homme, le fils, disait qu'il savait que cette erreur n'était pas due au manque d'amour à l'égard de son père, mais à un réflexe naturel vis-à-vis d'un devis qu'il trouvait cher, comme si c'était pour des travaux à effectuer n'importe où. Or ce n'était pas pour n'importe où, mais pour un vieillard de 93 ans !

11 avril 2021

Le Bond poète !

Il paraît que le nouveau James Bond, l'agent 007, est moins technologique et plus classique. Comme je ne suis pas fan de ce genre artistique ou littéraire, je ne saurai pas exactement ce que cela veut dire. Mais l'information m'inspire une réflexion. L'idée est de présenter à l'écran un homme qui s'en sort toujours et qui accomplit toujours sa mission malgré les embûches. Eh bien, si les réalisateurs voulaient vraiment innover, ils pourraient changer de registre et nous présenter un "héros" qui n'aurait rien de la séduction habituelle ni les muscles et prouesses acrobatiques, mais la maîtrise parfaite d'une douzaine de langues. Un gars frêle, mais qui comprendrait tout ce qui se dit autour de lui : ça, ça serait classe ! La difficulté serait la rédaction du scénario. En revanche, le casting serait facile : pas besoin de muscles, ni de profil physique particulier. Pour séduire, et avancer dans sa mission, le gars doit savoir parler. Mais c'est trop difficile à réaliser comme film. Je crois que le James Bond poète polyglotte n'est pas pour demain. Dommage. Tiens, j'ai envie de relire Cyrano !

9 avril 2021

Rediffusion !

Après une cure de trois mois sans télé, le nouveau confinement m'y ramène dans l'espoir de trouver quelques bonnes fictions, histoire d'aller au-delà cette réalité angoissante du moment. Et là, je découvre un truc incroyable. Plusieurs chaînes qui diffusent des séries policières programment les mêmes épisodes plusieurs jours à la suite. Comment l'expliquer ? Est-ce un bug de programmation ? Une pénurie, suite à des dégâts dans le stock ? Ou alors, ceux qui gèrent la programmation trouvent l'intrigue tellement sophistiquée qu'ils jugent nécessaire de laisser une chance au public d'essayer de comprendre en regardant plusieurs fois le même épisode. Ou encore s'agit-il de l'effet "cours à distance". Le public est ainsi confondu avec la masse étudiante. On lui laisse la possibilité de réviser. Une autre hypothèse peu probable laisserait penser qu'un intrus venu d'une chaîne concurrente tient les manettes et cherche à saboter l'audience. Quand même pas !
Maintenant, si on se met à la place d'un spectateur fidèle à une série, on commence à remarquer une tendance à voir des détails qui avaient échappé à l'observation lors de la "séance" d'hier. Plus encore, on commence à fixer des moments particuliers de l'épisode et on attend leur arrivée.
Et si jamais c'est voulu, imposé par la maison de production, qui, dans ce cas, fait exprès de rendre l'intrigue inaccessible à l'intelligence d'un spectateur peu attentif, cela irait loin. Le scénariste dans ce cas doit faire preuve de beaucoup d'imagination pour faire de chaque épisode une sorte de puzzle.
Est-ce le colonialisme culturel en action ? Est-ce la décadence de la télé ? Est-ce une nouvelle tendance télévisuelle qui ira loin dans la fidélisation du public ? En tout cas, je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi l'Education nationale dans ce contexte de confinement à répétition ne cherche pas à faire un autre usage de la télé ? Juste quelques émissions éducatives ? Des "cours" ou des vidéos réalisés par certains établissements, secondaires ou supérieurs, diffusés à l'ensemble du pays, contre rétribution aux auteurs, bien sûr.
Je vois que je commence à délirer, alors, je vais me remettre les idées à l'endroit en regardant mon épisode préféré de la semaine qui passe pour la cinquième fois en espérant que je le verrai une sixième fois demain.

4 avril 2021

Pourquoi pas !

J'ai une idée, idiote, je sais, mais qu'est-ce qui est idiot ou non dans les temps qui courent. Voilà, c'est par charité, pour remonter le moral à tout le monde et oublier le débat stérile sur l'islamo-yasarisme. Il s'agit d'organiser des tournois de tennis déguisés. Le joueur porte des vêtements amples et un masque de sorte qu'on ne puisse pas deviner son identité avant la fin du match et uniquement quand il est battu ou à l'issue de la finale. Un tournois ouvert aux hommes et aux femmes : totale égalité ! Et si cela attire l'audience à la télé pendant la crise sanitaire, la formule peut être prolongée en présence du public. Qui risque alors de s'ennuyer dans les gradins ou devant l'écran ?

23 février 2021

L'ismisme !

Pour sortir du tourbillon de l'ismisme, cette épidémie de néologismes à la c**, comme islamo-jenesaisquoitisme, ou colonialo-droitisme, etc., je me suis mis ce matin à penser au vénérable Institut du Monde Arabe et son illustre président. Je me suis dit que le Jack le plus célèbre de France peut vraiment créer un élan formidable, positif, qui ferait même oublier la terminologie boiteuse employée actuellement et génératrice de tensions avec certaines communautés ou certains pays. Bon, M. Lang ne connaît pas assez l'arabe, à moins de me tromper, et ne peut donc conseiller le président Macron dans ce domaine. Mais il est à la tête d'une institution formidable qui, comme tant d'autres lieux culturels, doit faire face à la crise sanitaire qui le prive de ses visiteurs. Seulement, ces derniers sont essentiellement parisiens, franciliens ou visiteurs de Paris. Or l'occasion est là pour aller vers les provinces. Comment ? Internet est accessible à tous, me diriez-vous. Oui, mais l'IMA peut faire plus. Il peut personnaliser ses actions et les lier aux différentes régions de France. Voici quelques idées (sans droits d'auteur - servez-vous) :
1. Mener une campagne invitant les grandes et moyennes villes françaises à proposer un jumelage avec une ville arabe. L'IMA joue dans ce cas l'intermédiaire avisé avec des dossiers solidement préparés et qui attireraient les lumières un temps ET sur la ville française ET sur la ville arabe jumelle.
2. Plaider auprès des clubs sportifs français une opération semblable pour un jumelage sportif. Par exemple PSG -Zamalik. Cela aura de la gueule, non ?
3. Proposer des visites virtuelles, avec quelques éléments historiques, quand il y en a, des villes, villages, quartiers du Sud de la France qui portent un nom arabe. Là aussi, d'une pierre trois coups : le village sera sous la lumière nationale, voire internationale, les Français découvrent quelques pages de l'histoire qui leur rappelleraient qu'ils sont certes européens mais aussi des riverains de ce grand lac qu'est la Méditerranée, et on parle ainsi de l'IMA comme acteur culturel majeur.
4. Plaider avec un maximum de bruit possible pour que chaque footballeur ayant un salaire dépassant le million annuel parraine une vingtaine d'étudiants en difficulté financière issus du Monde arabe.
5. Plaider pour... ah, non. Ça ne marchera pas. J'allais parler de l'utilité ou l'inutilité de dépenser un millard sur un club de foot au lieu de créer une caisse de bourses d'études pour les étudiants français et arabes, mais au fond, le foot est quand même mieux.

23 février 2021

Alors ! Raconte !

Dans mes souvenirs, il y a quelques flashs qui reviennent de loin pour faire la jonction entre anecdote et langue. Une blague que les Irakiens se racontaient dans les années 60 mettait en scène un Irakien en visite aux Etats-Unis. Il se trouvait dans une Exposition géante dans laquelle les Américains montraient tout leur talent de pays avancé. Et parmi les différents pavillons, il y en avait un consacré à l'ordinateur. A l'époque, cela occupait une centaine de mètres carrés. On l'appelait en arabe العقل الألكتروني (cerveau électronique). Aujourd'hui on dit كمبيوتر ou أورديناتير ou en faisant un peu d'effort حاسوب . L'anecdote raconte que le visiteur irakien était très intéressé par ce pavillon. Il y avait beaucoup de monde. On faisait la queue pour poser une question, une seule, à ce cerveau extraordinaire et on obtenait une réponse imprimée en quelques secondes. Une question sur n'importe quel sujet. Quand son tour arrive, notre visiteur tape la question qui est en deux mots. Toutes les machines de l'ordinateur commencent alors à chauffer et les imprimantes n'arrêtent pas de sortir des milliers de feuilles imprimées. Des agents du FBI et de la CIA lui tombent dessus. Il est emmené manu militari dans une pièce sombre, avec une seule lampe dirigée vers son visage : qu'est-ce que tu as écrit ? Après quelques secondes d'hésitation, il avoue qu'il a tapé : شكو ماكو ؟ (shakû mâkû). L'équivalent en français pourrait être : "Alors ? raconte !" dit à un ami que vous n'avez pas vu depuis très longtemps. Mais le sens exact de l'expression irakienne est : "qu'est-ce qu'il y a et qu'est-ce qu'il n'y a pas ?" Alors, vous comprenez le désarrois de l'ordinateur qui doit non seulement donner tout ce qu'il sait mais aussi tout ce qu'il ne sait pas encore. Bref, si jamais vous croisez un Irakien qui vous dit شكو ماكو pas de panique. C'est très amical.

19 février 2021

La télécommande, mon alliée !

Les débats se multiplient tous azimuts. Et les techniques évoluent pour capter l'attention du spectateur ou de l'auditeur pour parvenir, in fine, à l'influencer. Tout y contribue : image, son, mime, décor, etc. Avec du recul (cela fait deux mois sans télé - quel bonheur !) je me demande s'il n'y a pas un moyen d'évaluer la qualité d'un débat ou d'un débatteur. Réflexion faite, j'en arrive à penser - oui, ça m'arrive ! - qu'il faut se méfier d'un discours basé sur des évidences ou sur ce qui est supposé être évident. Par exemple quand on cite le nom de quelqu'un en considérant que TOUT le monde est d'accord à son propos, en mal ou en bien, peu importe, cela signifie que le locuteur veut que l'auditeur accepte son point de vue sans se poser de question. Cela vient sous forme de "Regardez tel pays, ou telle chose...", sous entendu que si vous ne voyez pas la même chose que le locuteur, vous êtes con. Un autre exemple : "Untel ? mais n'est-ce pas lui qui a défendu Untel ?" Donc, vous devez le condamner, car c'est évident. Il suffit de regarder un seul débat pour repérer toutes ces techniques qui tentent à conditionner la pensée des gens. Le problème pour les stratèges de cette approche, c'est la télécommande. Le zappeur ! C'est l'allié de l'intelligence qui résiste au lavage des cerveaux. Donc : ô noble peuple de France, de Navarre et d'ailleurs, prends soin de ta télécommande et n'hésite pas à l'utiliser quand tu sens qu'on se joue de ton libre arbitre ! Et crois-moi, sans te poser de question !

12 février 2021

Il vient d'où ?

Essayez de vous mettre à la place de quelqu'un qui n'aime pas les étrangers ! Juste pour comprendre pourquoi il souffre de cette maladie. Il doit y en avoir autour de vous, non ? Regardez ! Quand il y a confinement, il veut se faire livrer une bonne pizza et s'attend à ce que ce soit un blond aux yeux bleus qui la lui apporte... non, c'est un étranger. Il veut dire merci aux éboueurs à l'approche de Noël, un sur deux a l'air de venir de loin. Il veut faire réparer la chaudière, le technicien qu'on lui envoie est peut-être blond, mais il a un accent étrange. Il téléphone pour signaler une mauvaise qualité de connexion à Internet, au bout de fil un accent qui lui rappelle un voyage au Maghreb. Un jour il décide d'aller très tôt à Paris, pour y être à l'heure d'ouverture d'un magasin d'alimentation bio spécialisé qui ouvre en ces temps de couvre-feu à 7h30. Il prend le RER à 6 heures et là, il se trouve avec une majorité écrasante de gens qui ressemblent à ceux qu'on voit dans les reportages télé sur les pays lointains du monde. Des Noirs, des Arabes, des Indiens, des Latinos, etc. Et quand ils sont bien blancs ou légèrement basanés, comme lui quoi, une fois sur deux ils ont un accent s'ils parlent quand ils sont épuisés et semblent dormir, ils lui paraissent suspects aussi. Il sort du métro, qui nettoie les trottoirs de Paris ? Je ne vous dis pas. Le pauvre vit un cauchemar.
Alors par pitié, si vous êtes étranger ou d'origine étrangère, soyez gentils avec les gens de ce type et essayez de leur expliquer que ce n'était peut-être pas votre rêve de mener cette vie.

4 février 2021

STOP !

Je commence à être allergique aux nouveaux termes finissant en -isme. Celui qui me donne des boutons en ce moment c'est le fameux "séparatisme". Depuis que je l'ai entendu la première fois, je n'arrête pas de voir de partout des signes de cloisonnement (pour ne pas dire de "séparatisme"). La semaine dernière, j'étais dans la plus belle ville du Sud : Marseille. Un moment, je voulais faire un petit trajet à pied pour aller acheter de quoi préparer un plat oriental. C'est dans le 9e arrondissement. Ne connaissant pas bien la ville, j'ai sollicité Google-Maps et le vénérable outil internet m'a bien montré toutes les rues alentour. Impeccable. Une fois la marche lancée, je découvre qu'il y a des rues "privatisées", fermées avec un portail métallique qui dit clairement : STOP ! Une, deux, trois... Là je me suis demandé si c'est de ça qu'il s'agit quand on parle du séparatisme. Si c'est ça, je suis pour une loi contre. Du coup, je m'interroge : y en a-t-il d'autres ailleurs, dans le Sud, ailleurs en France ? Les députés qui débattent de la loi dite "contre le séparatisme" sont-ils au courant de l'existence de ces rues fermées ?
Cela me fait penser à un voyage à Paris qui m'avait fait passer par les quartiers allant de Père-Lachaise à Porte-la-Chapelle, en passant par Belleville. J'étais en voiture et le trajet m'avait semblé interminable. Pas difficile à comprendre. La voie est presque aussi large que les Champs-Elysées. Mais la circulation y est réduite à une voie dans chaque sens. Du coup, si quelqu'un veut faire des achats dans le coin, impossible de se garer. Inutile de chercher des parkings souterrains. Il n'y en a pas. Autrement dit, les commerces, tous petits, et comme par hasard un peu aux couleurs exotiques et intéressants une population plutôt pauvre, ne peuvent jamais se développer. J'avais l'impression de traverser une ville sinistrée. Dès lors, je me suis demandé si les habitants de ces quartiers votaient aux municipales. Si non, cela explique tout.
Et à ce propos, et comme ce maudit mot en isme tape dans ma tête, j'aimerais dire un truc ici : un des plus graves signes de séparatisme à mes yeux est celui pratiqué par l'Etat à l'égard de citoyens payant taxes et impôts et privés de droit de vote aux élections locales. C'est pour moi le plus grand scandal politique de la France actuelle. Une escroquerie.
Bon, revenons sur Terre. Entre nous, ces rues marseillaises me donnent des idées, je l'avoue. Derrière chez moi, en Bourgogne, il y a un sentier piéton. J'aimerais bien le privatiser et installer un portail qui obligerait les randonneurs à passer par la route départementale qui est à 100 m de là. Mais ne le dites à personne !

2 février 2021

Une petite échelle, svp !

Vous connaissez le cœfficient de Gini ? Non ? J'avoue ignorer ce que c'est jusqu'à hier. Quand j'ai bien compris de quoi il s'agissait, je n'ai pas pu m'empêcher d'y penser pendant un moment et la conclusion de cette méditation est que cet indice devrait être mieux connu, régulièrement cité, indiqué chaque mois, comme on le fait pour les chiffres des accidents de la route, par exemple. De quoi s'agit-il ? Tout simplement d'une indication chiffrée des inégalités dans un pays donné. Le problème, outre qu'aucune publicité ne lui est faite, est que cet indice dans sa forme actuelle n'est pas très parlant. Il faudrait quelque chose de claire qui indique l'évolution des inégalités et si vous suivez mon regard vous en conviendrez que cela peut devenir un outil politique puissant. S'il est clairement affiché au début d'un mandat avec une comparaison incontestable à la fin de ce même mandat, cela peut devenir déterminant pour la suite. Et surtout si un responsable quelconque s'en souciait, cela pourrait agir sur ses choix dans le bon sens, celui de la réduction des inégalités.
Qu'en est-il en France depuis mai 2017 ? Il faudrait que l'échelle soit sur 1000 pour que l'opinion publique soit bien éclairée.

31 janvier 2021

Le masque et l'oreille !

Ça vous est déjà arrivé, en essayant de mieux entendre, d'enlever le masque ? Moi, je ne m'en cache pas. Je me suis surpris au moins trois fois en train de le faire. Et cela m'a rappelé qu'il m'était déjà arrivé de faire la même chose avec les lunettes. Et la question qui se pose est de savoir si c'est un peu idiot ou complètement idiot. Après mûre réflexion j'en arrive à penser que ce ne l'est pas du tout. Je pense que la tête a besoin de se concentrer sur une tâche, pas deux ou trois. Je ne sais pas exactement comment cela fonctionne, mais il y a sûrement des nerfs et des muscles infimes qui sont chaque fois mobilisés pour permettre à la boîte de bien travailler : voir OU entendre OU parler OU fumer OU boire OU manger, etc.
Il y a sûrement des explications plus scientifiques, ou psychologiques, mais celle-là me suffit largement pour me rassurer sur ma santé mentale. Cependant, par précaution, je me surveille !

16 janvier 2021

Distanciel : paradis ou enfer ?

Je viens de lire le début d'un article réservé aux abonnés dans un quotidien français sur la vie des étudiants en ce début d'année avec des partiels sur place après des cours à distance. Un tableau noir est dressé semble-t-il par l'auteur de l'article - mais je n'ai eu accès qu'au début - avec des propos sévères prononcés par des étudiants, mais aussi par des enseignants qui critiquent l'inadaptation des enseignements offerts au contexte actuel. Je ne sais pas si par la suite la question est posée : cela fait presque un an que l'on connaît ce contexte et la masse d'équipe enseignantes et pédagogiques n'a pas été capable de s'adapter à défaut d'anticiper et de prévoir les solutions qui s'imposaient ?
En ces temps de crise, le discours dominant est celui de la critique, tous azimuts. Le public, las, risque de ne plus rien entendre. A quand un minimum d'auto-critique, de remise de soi en question ? La faute n'est jamais à la crise. Elle est à chercher chez ceux qui attendent, immobiles, qu'elle passe.

10 janvier 2021

Une lettre à la Reine !

Un souvenir remonte à la surface avec Brexit. Quand ma fille aînée découvrait l'immense plaisir d'apprendre à lire et écrire en CP, elle a réagit lors d'une discussion avec des voisins qui em demandaient pourquoi j'étais venu en France. J'expliquais alors que mon rêve était d'aller en Angleterre dont la langue était à l'époque ma première langue étrangère, un pays qui (jadis) était idéalisé par presque toute la jeunesse moyen-orientale. Je précisais ensuite que le visa vers l'Angleterre m'avait été refusé et que par défaut j'avais demandé un visa pour la France, dont je ne parlais pas la langue, et qui m'a été accordé. Et c'est là que la gamine intervient : "est-ce que je peux écrire à la reine d'Angleterre ?" On a tous cru un moment qu'elle voulait rédiger une protestation. Non. Elle ajoute : "je veux la remercier d'avoir refusé de te donner un visa : comme ça, tu es venu ici". Elle a précisé ensuite qu'elle ne voulait pas vivre ailleurs qu'en France, avec ses copains et ses copines.
Trop rationnels, nous ne l'avons pas aidée à réaliser son projet de lettre - dommage. Attention : l'Angleterre est toujours pour moi un pays magique. J'ai adoré par la suite de visiter Londres et quelques autres villes. J'envisageais même de m'organiser pour vivre quelques mois à Londres (un jour), mais Boris est passé par là et l'Île s'éloigne à présent et le soleil se fait plus rare quand on imagine un voyage. Heureusement que j'ai des voisins anglais en France dont l'amitié me comble au-delà de tous les visas qu'aurait pu m'accorder la vénérable Dame de Puckingham.

4 janvier 2021

Ados ! Ecoutez !

Hé ! Vous, les ados qui pensez qu'un vieux est forcément sourd ! S'il vous demande de répéter une question posée vite fait d'une pièce voisine, c'est qu'il n'attendait pas avec impatience votre question, quelle qu'en soit l'importance.
Imaginez que votre téléphone, quand quelqu'un vous appelle, ne sonne pas. C'est direct, le message. Vous demanderez forcément à votre correspondant de recommencer la question parce que vous avez raté le début, vu qu'il n'y a pas de sonnerie. Accepteriez-vous alors qu'il vous réponde "t'es sourd ou quoi ?"
Allez ados ! Cela s'apprend de se faire comprendre et ce n'est pas une question d'âge de l'interlocuteur. Soignez le début ! Tout dépend du début, d'une question tout comme d'un mandat présentiel ou de n'importe quoi d'autre. Et comme diraient les ex-Européens : well begun half done !

3 janvier 2021

Encore un vœu !

J'allais ajouter un vœu pour 2021 sur les inégalités, mais ce sera pour 3031. Il n'y a que l'humour des Egyptiens pour en décrire avec ironie la cruauté :
فيه ناس عايشة كويس وفيه ناس كويس إنها عايشة
Je l'avais déjà cité ici. Entre temps, quelques nouveaux visiteurs sont venus. Pour eux, voici une traduction possible : "Il y a des gens qui vivent bien ; et il y a des gens pour lesquels c'est déjà bien d'être en vie". Autrement dit, que veulent-ils de plus.
J'avais songé à un deuxième vœu, mais là cela aurait été exagéré : ce sera pour 9091 : tous les chefs d'Etat du monde sont choisis par leur peuple. C'est tellement artificielle comme idée et inutile. Laissons-là pour les créatures qui vont succéder à l'Homme dans quelque temps.

2 janvier 2021

La Poste pour l'éternité !

J'adore la Poste. J'en suis fan. S'il y avait une équipe de foot à son nom, je serais un de ses ultras. Quand je vois la voiture jaune passer, mon cœur bat plus vite. Et quand elle s'arrête pour déposer quelque chose dans ma boîte, j'oublie même que cela peut-être une facture, une contravention ou un rappel.
Mais là, depuis hier, je suis très déçu. Je boude. En trois ans, les tarifs ont augmenté de près de 40 % Ça congne tous azimuts : lettre verte, lettre normale, colis, France métropolitaine, Dom-Tom, Etranger, etc. Ça donne presque envie de songer à un élevage de pigeons voyageurs. Le problème est que ces bêtes si futées qu'elles soient n'acceptent pas les recommandées et ne prennent pas les colis. Un drone privé ? Si cela existe, ce serait à réfléchir.
Je commence même à me demander si le Poste n'est pas atteint d'un virus nouveau qui pourrait s'appeler "Rienacirer-19". regardez un peu en détail ce qui se passe. Vous avez une lettre, en fait un livre, que vous voulez envoyer en "lettre verte", autrement dit pas urgente. Le destinataire est patient et attendrait même une semaine pour l'avoir. Le tarif augmente chaque année de 10 %. OK. C'est le Destin. Il est progressif : logique. Mais ne vous réjouissez pas trop vite ! Si l'épaisseur dépasse 3cm, c'est refusé. Surtaxe ! Et vlan ! Bon, il est mince, mon livre, donc ça va. Reste le poids. La progression des tarifs est par palier : 20 gr, 100 gr, 250 gr, 500 gr... puis 3 kg ! Et là, le tarif passe de 5,91 à 8,64. Alors si votre livre fait 506 gr... ! Vous comprenez ce que je veux dire ? Je ne sais pas vous, mais moi si j'étais responsable de la Poste, j'aouterais des paliers à 1 kg, 1 kg 500, 2 kg et 2 kg 500. Et si je suis heureux dans la vie, je supprimerais la limite de l'épaisseur de 3 cm. Mais je ne suis qu'un citoyen qui dois tous les matins réviser la liste des valeurs républicaines qui lui demandent à respecter les institutions du pays. Alors... Amen !

2 janvier 2021

Quel souvenir laisser aux autres ?

Il arrive sans doute à tout le monde de remarquer un lien entre le souvenir d'une personne et un détail de la vie quotidienne. Par exemple, vous entendez une chanson et vous pensez que cela vous rappelle Untel ou Unetelle parce que vous aviez un jour écouté cette même chanson ensemble et pour laquelle vous aviez exprimé une admiration ou une émotion partagée. La liste d'exemples de ce genre de souvenir peut être très longue. Mais attention, cela risque aussi d'associer l'image de quelqu'un à quelque chose de désagréable. En voici un exemple.
Un jour, chez des amis communs, quelqu'un a expliqué dans les détails comment il a nettoyé le tuyau d'évacuation de son évier, sans omettre de lister les saletés qu'il en a retirées. Tout le monde voulait qu'il abrège, en affichant un sourire gêné, mais lui pensait que le sujet intéressait beaucoup. Alors il continuait. Résultat - vous le devinez - chaque fois que ça coince dans mon évier, à qui je pense ? Et aucune envie de le revoir, au cas où il parlerait d'autres opérations de nettoyage.
Si je vous raconte ça, c'est pour vous rendre service. Pensez-y et essayez d'éviter d'être l'original qui excelle dans la description de choses dégoûtantes. Optez plutôt pour une note délicatement gentille de la vie, un air de musique envoûtant, une peinture à la Courbet, comme ça on pense à vous à chaque ballade à la campagne, etc.
Pour finir, je ne peux m'empêcher de citer un autre exemple du même genre. Il y a plus de trente ans, je suis entré pour la première fois de ma vie dans une brûlerie. Il nom m'aurait fait peur si je ne voyais sur place de quoi il s'agissait. Une odeur divine, celle du café qu'on brûle et qu'on moud. Celui que j'ai acheté ce jour-là sentait si bon que j'en ai encore le souvenir, malgré un odorat très affaibli aujourd'hui. C'était dans la rue principale de la ville de Douai. Longtemps, l'odeur d'un bon café me ramenait à Douai, avec une pensée tendre et agréable. Par la suite, une enseigne affichante "Brûlerie..." ne me laissait bien sûr pas indifférent. Mais il y en a si peu ! Et je ne sais pas pourquoi aucune de celles que j'ai découvertes depuis n'avait le charme de celle de Douai. Comme quoi, tout est personnel dans la vie.

18 décembre 2020

Les petits bruits

Est-ce que vous aussi vous aimez certains tout petits bruits de certains objets ? Regardez ! Je viens de me faire un café. Et j'ai remarqué qu'en préparant la tasse, j'adore le bruit de la cuiller, la petite cuiller, quand je la mets dans la tasse vide en attendant l'arrivée du café en poudre (je ne dis pas la marque : c'est interdit) et l'eau chaude. Puis le bruit de l'eau qui coule dans la tasse. Je suis sûr que Beethoven nous a mis quelques chose d'inspiré de cela dans ses œuvres, mais où ? J'avais aussi un clavier, il y a une vingtaine d'années, dont j'adorais le bruit des touches. Et à propos d'autrefois, le bruit du cadrant du vieux téléphone ! Quelle musique ! Et puis, quand le combiné est reposé sur le téléphone ! Tout ça à disparu. Et le retour du chariot d'une machine à écrire ! C'était du Mozart, ça !
A présent, c'est le portable qui fait peur chaque fois qu'il avertit qu'un SMS est arrivé. La LiveBox qui gronde après une brève coupure de courant. Le micro-onde qui sonne comme pour dire : vite, sinon... ! Même le bruit d'une enveloppe qu'on ouvre a changé. Avant c'était beau, pour en sortir une lettre, une carte. Maintenant, les amis écrivent un mail et seuls les amendes arrivent en papier.
Vous comprenez pourquoi j'ai envie de transcrire la partition de ce que chante la petite cuiller dans la tasse vide ! Mais je ne sais pas faire. Alors j'attends le prochain café !

12 décembre 2020

Tu veux regarder du foot : tu paies !

C'est un événement historique qui se déroule sous nos yeux : une chaîne payante de football va s'arrêter. Est-ce la fin d'un scandale ? celui d'empêcher les gens de voir les matchs de foot gratuitement. Allez, Macron et Castex verront leur popularité grimper comme c'est pas possible s'ils décrétaient qu'au moins la moitié des matchs de foot seront retransmis en clair. Ça allégerait même un peu le poids du confinement.
C'est loin l'époque où on pouvait regarder en clair la finale de la coupe d'Angleterre sur A2, où au moins un match était diffusé en clair de chaque soirée de la Ligue des Champions, etc. Et on a remplacé ça par des joutes oratoires entre gens décidés à ne pas écouter et à couper la parole à l'autre dès qu'il l'ouvre. Il en reste qu'à installer des arbitres, comme en boxe, pour attribuer le points et déclarer le vainqueur de chaque débat. Pourquoi pas, mais je préfère le foot, car le ballon n'est complice de personne.

11 décembre 2020

Colis égrené

J'ai un problème. Epineux. Si quelqu'un peut m'éclairer, je demanderai au Pape de l'inscrire sur une liste d'attente pour une récompense céleste. Regardez. Vous l'avez peut-être remarqué : les tarifs de la Poste augmentent chaque année d'environ 10 %. Cela double en cinq ans. Des gens parfaitement recommandables au Liban me demandent de leur envoyer 5 kg de mes livres. Valeur : environ 100 euros. Le paquet est prêt. Il ne reste qu'à regarder les tarifs. Quoi !!!!!! 105 euros ! Après une heure passée à chercher d'autres solutions, j'en trouve une géniale qui efface tout mon dépit : un tarif spécial "Livres et brochures". Vraiment pas cher. De 105 on descend à environ 20 euros. Seulement qu'il faut que les livres soient dans un.... SAC ! Comment ça ? Rien n'est indiqué. Autrement, il faut ne pas dépasser les 2 kg et égrener le paquet. "Egrener" ? OK. J'ai compris, il faut montrer un bout de la marchandise pour que la Poste s'assure qu'il ne s'agisse pas d'autre chose que des livres. Le tarif descend à 6,41. Trois fois ça, c'est bon, on y est, à 19,23 euros les livres peuvent faire le voyage. Il ne me reste qu'à défaire le beau colis sur lesquels j'ai passé trois quarts d'heure pour en dispatcher le contenu sur trois paquets "égrenés". Et si ça abîme les livres ? J'ai presque envie d'écrire au président, qui a dit plusieurs fois vouloir aider le Liban. On ne peut pas faire un effort pour que la culture circule entre les deux bleds ?
Je reste quand même intrigué par ce "sac" exigé pour les colis dépassant les 2 kg ? A quoi il ressemble ? Je suppose qu'il ne s'agit pas d'un sac de super-marché ! Non. En fait, pourquoi pas. Mais comment le fermer ? Au fait, la Poste dépend de quel ministère ? C'est privé ?!! Mais qui l'a privatisée ?

10 décembre 2020

Exagérons pour faire plaisir

Ça vous arrive d'ajouter une touche à une histoire que vous racontez, d'un événement vécu, ou d'un récit lu ou entendu quelque part ? Bien sûr que oui. Inutile de le nier. On est donc d'accord sur l'authenticité "arrangée" du récit que je vais rapporter ici. Et par décence, je ne cite pas la source.
Vous connaissez peut-être Al-Hajjâj الحجاج ce gouverneur umayyade dont le portrait a été sans doute assombri par les auteurs de l'époque abbasside, pour les besoins de la propagande officielle mais aussi parce qu'il était devenu un personnage littéraire autour duquel on pouvait "broder" un peu. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est un peu l'équivalent de Hitler, sans avoir été chef suprême lui-même. Il bossait pour les autres. On l'envoyait là où les autres chefs militaires échouaient. Avec lui, normalement, le calife était bien servi.
On raconte qu'un jour, notre Terreur se trouvait à la tête de son armée face à des rebelles coriaces. La tradition voulait qu'avant d'engager les combats trois duels devaient avoir lieu. Le camp adverse a envoyé un colosse qui a carrément massacré les deux premiers candidats envoyé par Al-Hajjâj. Cela fait très mauvais effet sur le moral des troupes. Et c'est là que commence le récit qui m'a marqué. Parmi les lieutenants d'Al-Hajjâj, il y avait un qui était en même temps chef d'un clan connu. Il a pensé que s'il venait à abattre le guerrier des rebelles, il pouvait prendre des galons auprès du calife et obtenir des avantages pour son clan. C'était très tentant. Il s'avance alors et propose à Al-Hajjâj de s'occuper de cette tâche délicate. Ce dernier, sceptique, accepte quand même en pensant que ce serait une bonne occasion de se débarrasser de ce prétentieux. La suite est racontée par cet homme lui-même. Il dit : "c'était l'occasion de ma vie. Si j'arrive à abattre ce colosse, mon nom sera cité par touts les Arabes. J'arrive devant lui et me prépare à frapper, mais je ne sais pas ce qui s'est passé. En un instant, je me suis trouvé par terre sur le dos et lui assis sur ma poitrine prêt à m'égorger. J'ai compris alors qu'il ne me restait que la parole comme arme. je lui ai dit : écoute, si tu me tues, ça ne change rien pour toi. Un de plus ou un de moins, on sait que tu es le plus fort. Mais si tu me relâches, tout le monde va se demander ce qui se passe. Et comme je ne suis pas n'importe qui, je suis le chef de tel clan, tu te rends compte ! Tous les Arabes vont parler de cet incident et comment tu as eu pitié d'un notable incapable de t'affronter alors que tu pouvais le massacrer. Il dit : tu as raison. Fous le camp ! Ouf, mais que vais-je dire à Al-Hajjâj ?
La suite est raconté par le chroniqueur qui rapporte que ce guerrier d'occasion avance vers son chef et lui : je l'ai convaincu de négocier au lieu d'engager la bataille. Il savait qu'Al-Hajjâj n'allait pas retenir une telle hypothèse, mais il ne voyait pas autre chose à inventer pour sauver la face.
Ne me demandez pas la suite des événements, j'ai oublié, c'était très loin, au 7ème siècle.

5 décembre 2020

J'ai tort

Je sais que j'ai tort. C'est un grand réconfort de le savoir. Cela décharge de toute responsabilité. Mais un soupçon de doute persiste. Alors, je m'exprime sur le sujet car peut-être un autre "ayant tort" trouvera cela juste. Ce serait alors un réconfort supplémentaire.
Voilà, je vous dis tout. Je sais que j'en fais presque une obsession, mais c'est important à mes yeux (suis-je aveugle ?). J'ai encore essayé de faire passer une tribune dans la presse quotidienne et elle n'a pas été retenue. Mais Facebook est là pour ça, n'est-ce pas ?
La voici donc, et si une majorité d'entre vous me dit que c'est du n'importe quoi, je supprime le post. C'est promis. Et je ne recommence plus. Parole de Bourguignon adoptif.
Tribune orpheline :
Paroles d’imams extrémistes à la télé ?
Une anecdote lue quelque part sur les réseaux sociaux raconte que la voiture d'une famille chrétienne sur le chemin de l'exode en 2014, après la chute de Mossoul (Irak) aux mains des terroristes, est arrêtée par un barrage de Daesh. Un homme armé approche et demande :
- Vous êtes musulmans ?
- Oui, dit le père.
- Récite quelque chose du Coran !
Le père, d'une voix sûre, récite un passage de l'Evangile et entend dire :
- C'est bon. Bonne lecture. Allez-y !
Une fois éloignés, la femme demande à son mari pourquoi il avait pris un tel risque. Il lui dit :
- T'inquiète ! Si ces types connaissaient le Coran, on serait encore tranquilles chez nous.
Si un imam extrémiste, dit salafiste ou radicalisé, affirmait en arabe dans sa mosquée radicalisée que le Coran ordonne, sur toutes les pages, qu’ « il faut tuer les juifs et les chrétiens », une mesure d’expulsion immédiate serait la moindre des choses. Mais si c’est un chroniqueur costume-cravate qui le dit à la télé en français, il ne se passe rien. Rien du tout. Qu’est-ce qui est plus dangereux ? Le discours en arabe d’un imam extrémiste que tous les jeunes radicalisables ne comprennent pas entièrement, ou les propos prononcés dans la langue que tout le monde comprend, le français, sur une chaîne nationale et dont les traces restent en ligne ? Inutile de trop chercher. La vidéo est encore disponible sur Youtube de cette émission du 6 juin 2014 (iTélé, Ça se dispute, regarder à partir de la minute 5).
Le problème que cela soulève ne se limite pas à l’ampleur de la diffusion d’un tel propos. C’est son contenu. L’imam le plus extrémiste qui soit ne saurait dire cela car aucun verset du Coran ne dit une telle chose. Par contre, le chroniqueur, lui, parle du Coran, qu’il dénonce comme livre dangereux, pense sans doute inconsciemment qu’il s’agit pour les auditeurs d’un objet non identifié. Il parie en quelque sorte sur l’efficacité de l’ignorance du public et même des autres personnes présentes sur le plateau. A moins qu’il ne soit lui aussi totalement ignorant de l’arabe et du Coran. C’est possible. Mais là, un autre problème surgit. Personne en France ne voit le danger que cela représente ? Les jeunes musulmans radicalisables, bien plus francophones qu’arabophones, n’ont aucune raison de douter du discours d’un chroniqueur qu’on voit de partout. C’est donc de ça que parlait l’imam et moi qui ne comprenais pas ! Et si quelque part en France, de jeunes catholiques ou juifs, désireux de contrer la menace islamiste croyaient vraiment ces révélations et décidaient de se défendre ? Notre chroniqueur aurait fait une remarquable avancée dans le déclenchement d’affrontements violents que personne ne souhaite. Mais, non, il ne se passe rien. Non seulement, on ne supprime pas la vidéo, on ne demande pas à l’auteur de ces propos de rectifier son affirmation, ou d’exprimer son mea culpa, ou de s’excuser, non, on lui offre davantage d’espace médiatique. Alors, il continue à réclamer l’abrogation de certaines sourates du Coran, sans dire lesquelles. Et à force de répéter ces mensonges, trois cents personnalités finissent le 21 avril 2018 par le croire et signent un manifeste contre l’antisémitisme dans lequel ils demandent «...que les versets du Coran appelant au meurtre et au châtiment des juifs, des chrétiens et des incroyants soient frappés d’obsolescence par les autorités théologiques...». On ne sait pas qu’en disant cela, les jeunes radicalisables ne connaissant pas l’arabe risquent de croire que le Coran les incite à attaquer la France.
N’est-il pas temps d’avoir un peu d’exigence intellectuelle quand on parle de l’islam et des musulmans ?

4 décembre 2020